J’aime être nu·e. Suis-je normal·e ?

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La plupart des sociétés, des cultures et des religions considèrent la nudité comme une affaire privée. De fait, elle doit être cantonnée à la salle de bain et à la chambre à coucher. Pour une majorité de gens, cela ne pose aucun souci et l’affaire pourrait s’arrêter là. Elle ne s’arrête cependant pas là. Pour une minorité de gens, si le fait de se dénuder est un choix privé, la nudité ne se cantonne pas à la salle de bain et à la chambre à coucher. Elle peut tout à fait être étendue au reste de la maison, le jardin et l’extérieur. Elle peut aussi être partagée avec d’autres personnes, sans être vue ni considérée comme un appel à avoir une relation sexuelle.

Nudisme : le fait de vivre au grand air dans un état de nudité complète.

Dictionnaire Larousse

Considérer que la nudité est un état normal et peut être étendue à la sphère publique fait de soi un nudiste. Pourtant, le mot est connoté. Il porte parfois un sens que l’on ne souhaite pas. Les nudistes ont alors inventé un autre mot : naturisme. Si le Larousse nous dit que nudisme est synonyme de naturisme, la fédération internationale du naturisme lui a donné une définition « élargie ».

Une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun, ayant pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et de l’environnement.

Fédération Internationale du Naturisme

En dehors de la proximité avec la nature, la pratique de la nudité en commun est ce qui différencie, à priori, le nudiste du naturiste. Je pense, pour ma part, que naturisme et nudisme sont une seule et même chose : le bonheur d’être nu·e et de considérer la nudité comme un état naturel et confortable, tout à fait « normal ». Car nous y voilà. Pour un nudiste, être nu·e est « normal ». C’est un état dont il ou elle n’a pas honte, un état qui ne fait pas appel à la sexualité, un état qu’il ou elle partage avec autrui sans se poser de questions existentielles.

Qu’est-ce qu’être normal·e ?

La question de la normalité est centrale à la société. Pourtant, répondre à la question posée ci-dessus n’est pas évident. C’est quoi être normal·e ? Est-ce être dans la moyenne ? Est-ce être conforme à la nature humaine ? Est-ce ne pas faire de vague, être « invisible » ? Beaucoup de personnes vont consulter des psychiatres ou des psychologues car elles ne se sentent pas normales ou ont des pensées étranges, « anormales ».

Le philosophe français Blaise Pascal écrivait « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Il exprimait, ce disant, que ce qui est vrai pour quelqu’un peut être perçu faux par une autre personne. De même, ce qui apparaît comme normal pour l’un peut apparaître comme totalement anormal pour l’autre. Est-ce pour autant que la première personne est normale et la seconde anormale, ou l’inverse ? La culture, la société, l’éducation et la religion peuvent définir la notion de normalité.

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Philosophie magazine, dans un article intitulé Que veut dire « être normal » ?, allait même jusqu’à écrire « Être normal, cela n’existe pas ». Dans ce même article, il oppose la notion de normalité à celle d’être fou, mais surtout à celle d’être différent et rejeté. Et c’est souvent le nœud du problème. Se percevoir normal c’est se percevoir comme les autres, pas différents des autres. On sous-entend ainsi que l’autre a forcément raison et qu’on a tort. Être normal revêt alors les vêtements de la raison. Quand on est raisonnable, on est normal.

Être normal, cela n’existe pas

Philosophie Magazine

Pourtant, chacun d’entre nous est différent. Chacun d’entre nous apporte son individualité, son histoire, ses idées, son vécu. Ce sont ces différences qui font la richesse de l’être humain. De fait, être normal sous-entend aussi se fondre dans la masse. Ainsi, être normal, c’est être comme tout le monde, où en tout cas comme tous les autres membres de sa tribu.

Mais pour notre santé mentale et notre satisfaction personnelle, ne devrions-nous plutôt pas être nous-mêmes, que de chercher à être « normal » ? Être soi-même, c’est apprendre à se connaitre et à s’accepter. Certes, la vie en société nous demande de faire des efforts pour pouvoir vivre ensemble. Ce ne doit pas être une raison pour vivre la vie de quelqu’un d’autre. L’écrivain irlandais Oscar Wilde l’a clairement exprimé en écrivant « Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris ».

Être nu·e

Dans un essai sur la nudité, l’enseignant-chercheur Régis Bertrand, commence en écrivant : « La nudité est un phénomène éminemment social et culturel ». Si la nudité est acceptée en peinture ou en sculpture, elle l’est moins, voire pas du tout quand il s’agit de personnes bien vivantes. Le vêtement est nécessaire, non seulement à la pudeur, mais surtout pour marquer la classe sociale.

Pourtant, si par un exercice de pensée on écarte la nécessité sociale du vêtement, la nudité est un état on ne peut plus naturel. Mais, la culture, la religion et la société reviennent à la charge pour nous signifier que si la nudité est un état naturel, elle doit être limitée à l’intimité, nous renvoyant à la notion de péché, liant nudité et sexualité. C’est ce lien que le naturisme coupe, ramenant la nudité simple à ce qu’elle est et différenciant la notion de corps de celle du péché originel.

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Depuis un peu plus d’un siècle, les hommes et les femmes ressentent le besoin de revenir à des choses plus simples et plus naturelles. En même temps, l’évolution des sciences nous apprend la nécessité de prendre soin de notre corps, de nous exposer à la lumière du soleil avec raison et de revenir à des principes plus « naturels » de vie. Les mentalités évoluent aussi vers plus de simplicité et de respect des différences.

Le naturisme est la réponse parfaite à ces besoins naturels et simples. Être nu·e, c’est être confortable avec son propre corps et retrouver une forme de simplicité naturelle. Être nu·e, c’est aussi, d’une certaine façon, refuser le diktat du regard de l’autre sur son propre corps et la manière de le vêtir. Être nu·e, c’est être libre.

Être nu·e, c’est être normal·e !

Aimer être nu·e, c’est reconnaitre que la nudité est confortable et que le corps n’est pas qu’un objet sexuel. Aimer être nu·e, c’est rechercher une forme de simplicité. Aime être nu·e, c’est être normal·e, si tant est on puisse donner une définition de la normalité, comme nous l’avons vu précédemment.

Ainsi, pour répondre à la question posée, elle s’annule d’elle-même. Poser la question, c’est admettre qu’il existe des personnes normales et d’autres anormales. J’aime la bière, suis-je normal ? J’aime les levés de soleil, suis-je normal ? J’aime manger de la salade au petit déjeuner, suis-je normal ? Et je pourrais continuer ad nauseam. J’aime être nu·e pour le confort que cela me procure, point final. J’aime être nu·e parce que c’est ce que je suis, cela fait partie de l’être que j’accepte être. J’admets aussi que cela puisse choquer ou gêner d’autres personnes, pour lesquelles la nudité est connotée de nombreuses représentations sociales, culturelles et religieuses. Ces personnes doivent aussi admettre que leurs manières de penser peuvent me choquer ou me gêner de la même façon. C’est une question de respect mutuel, sur laquelle j’aurais l’occasion de revenir dans un prochain billet.

Alors, si vous vous êtes retrouvé·e dans le titre de ce billet, soyez rassuré·e. Vous êtes normal·e. Rien n’est bizarre, étrange ou anormal à se sentir bien nu et à souhaiter partager cette nudité avec d’autres naturistes. La société le reconnait d’ailleurs en légitimant le naturisme au travers des fédérations naturistes, des nombreux espaces naturistes et des lois qui font la distinction entre nudité simple et exhibition sexuelle. Même si dans des pays comme la France, l’appréciation du juge joue encore un rôle trop important.

En attendant, je ne peux que vous encourager à partager votre nudité en fréquentant plages et espaces naturistes. En vivant nu dès que les températures le permettent et en parlant du naturisme autour de vous. Pour ce faire, la Fédération Française de Naturisme édite deux petits dépliants à partager sans aucune modération.

Dénudez-vous, soyez nu, vivez nu et partagez l’amour du naturisme !

Photo par PxHere

4 Commentaires

  1. Ne nous inquiétons pas ! ✌️
    Nous sommes 2,5 millions de français à aimer vivre dans notre tenue de naissance. En théorie la loi nous permet d’être habillé ou pas avec nos semblables. Malheureusement, au vue de « l’évolution » de notre société nous en prenons le chemin inverse… ?

  2. Oui, nu pour soi,nu devant les autres, oui un plaisir sensuel mais pas sexuel, mais combien ça reste difficile à dire et à vivre – aussi bien dans ma grande ville (Paris) que dans les maisons louées à la campagne ( attention aux voisins, voisines, gendarmes ! ) Didier

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